En longeant le delta du Mékong
Des souvenirs de films de guerre mytiques deviennent réalité devant nous. On file le long des berges d’Apocalyspe Now, de Full Metal Jacket, des Killing Fields, Platoon, Deer Hunter, Jacob’s Ladder, etc. Beaucoup de beauté au Vietnam et au Cambodge, tant de cruauté aussi, en vrai pour nos yeux ahuris.
Ces classiques ont marqué l’imaginaire collectif des occidentaux, je revois Robert Duval et Marlon Brando devenus barjos dans la jungle du Vietnam, après leurs sauvages raids au napalm et à l’agent orange, juste un film… non. Un musée sur ces atrocités innommables nous rappellera la stupidité de l’homme et les impacts sur la population du Vietnam, encore à ce jour: cancer, déformation à la naissance, agriculture qui a pris des années à s’en remettre.
Cette période de notre voyage est très dure, car la visite quelques jours plus tard du tristement célèbre lieu de torture S-21 à Phnom Penh et des atroces camps d’extermination à Choeung Ek au Cambodge nous laisseront complètement muets devant la fureur de Pol Pot. Un des 12 uniques survivants de S-21, dont 3 encore en vie est là devant moi à vendre son livre et à offrir des autographes…, en face de S-21 où il fut torturé. Il y a encore des traces de sang au sol et des instruments qu’on souhaiterait n’avoir jamais existé.
Plus de 2 millions de Cambodgiens n’ont pas eu sa chance sous le régime des Khmers rouges. Je ne prendrai aucune photo, il n’en est pas question, en ce qui me concerne. Je lui envoie la main, le regarde dans les yeux et m’incline légèrement devant lui en joignant mes deux mains en silence: à la cambodgienne…
Aujourd’hui, le Mékong est surpeuplé de touristes, je suis de ceux-ci. Notre guide a choisi un moment paisible très tôt où la horde se déferle ailleurs pendant qu’on en profite rare pour admirer l’autre majorité des rives du long long fleuve: les pêcheurs.
La météo nous gâte tellement Marie et moi. Chaque jour on se soûle de clichés tous aussi poignants les uns que les autres. Il y a cet homme dans un petit tournant secret du Mékong qui nous regarde curieusement, l’eau est calme avant le passage de notre petit bateau motorisé. Je zoome, les nacelles de pêche empilées sur sa barque brillent sous le soleil qui perce le feuillage de la jungle.
Les rives du Mékong dans ce passage assez étroit sont monopolisées par ces instruments de pêche. On les pose à marée basse et on revient chercher notre butin à marée haute.
On entend toute sorte de bruits de bibittes tropicales, ça grouille de tout partout sur le tapis vert. Ça sent le brûlé parfois, on nous explique qu’on incendie des portions de rizière pour favoriser la prochaine récolte.
Il y a ces marchés flottants, oui, oui, flottants sur le Mékong… on y arrive, on se glisse tout doucement entre les étales tanguant sur l’eau. Tout est disponible: fruits, légumes, barges de sable pompé du fond de la rivière; à faire couler son navire (pour la fabrication du ciment), jonque remplie à ras bord de noix de coco. Les cargaisons d’ananas se transvident d’une embarcation à l’autre à l’huile de coude.
Nous accosterons beaucoup plus loin pour visiter un atelier de transformation des fruits du cocotier dans la jungle. Ça travaille fort en chien sous 40 degrés Celsius ce matin; pour rendre le tout comestible et commercialisable en plein de variantes: bonbons, huile, savon, jus, coco râpé, alcool, et nous en oublions c’est certain!
Notre grosse barque pue le diesel et pétarade un boucan d’enfer. Plus tard, à quai, on marchera dans des petits sentiers bourrés de fruits tropicaux: mangues, ananas, bananes, jacquier, papaye et fruits du dragon. Nous ferons un segment en tuk-tuk… ça, c’est un scooter accroché après un gros carré de métal avec des bancs: c’est pas ISO 9000 ce truc…
On se tient comme on peut là-dedans pendant que le chauffeur roule comme un possédé sur des routes de terre pleines de trous… beding badang… Marie me fait pencher la tête en une fraction de seconde, sinon cette dernière m’aurait quitté momentanément sous l’impact d’une branche d’arbre format batte de baseball.
Notre première portion du voyage s’achève sur le Mékong, nous quitterons le Vietnam pour le Cambodge le lendemain matin.
Cambodge… eeeeeeeeeh!
Après 15 jours au Vietnam, une certaine routine et aise s’est emparée de nos petites personnes, on sait comment traverser la rue n’importe où et n’importe comment sans faire d’arrêt cardiaque. On dit ´ka mon’ comme il faut (merci), on devine ce qui atterrira dans nos assiettes matin, midi et soir avec quelques fois une petite nostalgie de notre lointain chez nous…
Je vais au gym parfois à 5 heures du mat à l’hôtel, par ce qu’on mange tout le temps et trop… ouf, je rentrerai plus dans mon linge au retour…
Du crocodile ou des tarentules c’est exotique, mais ça donne des gaz! Ben non, on ne les a pas mangés les araignées géantes et vers à soie frits, mais le croco oui… J’ai constaté qu’ils finissent mieux leurs vies dans un magasin de la 5e avenue à New York… tant qu’à se ramasser sur une brochette. Pareil pour l’estomac de buffle séché, ou bedon la queue de boeuf épilée… celle qui chasse les mouches là…!
Après une journée au Cambodge, les différences jaillissent avec force. Du Vietnam où l’anarchie règne sans qu’un seul coup d’oeil ne soit peuplé de 3 millions de scooters au pouce carré…, on traverse les rues de Phnom Penh sans faire notre chapelet avant. Des scooters il y en a au Cambodge, mais tellement moins!
Les klaxons sans répits de Hanoï et Saigon se font discrets et rares chez les Cambodgiens. Et les politesses se transforment, hum… je dois plutôt avouer qu’au Vietnam, c’est la promiscuité, l’anarchie et la frénésie toutes pognées en même temps…
Comme si tout le pays en entier était sur un gros party rave non-stop. Alors les formules de politesse sont pour les cours en classe des enfants, j’imagine. Phnom Penh… grands sourires de tous en nous voyant et ces superbes salutations toutes gracieuses d’un bonjour ou d’un merci les mains jointes avec le corps qui s’incline à peine.
On sent la religion bouddhiste plus présente, bien qu’elle le soit aussi au Vietnam, mais diluée dans ce gros capharnaüm à ciel ouvert grouillant de monde. On se regarde un instant dans notre minibus et on a tous la même réflexion: c’est donc bien tranquille ici…? De mon côté je me demande si je vais m’ennuyer de mon super Vietnam…, car j’ai tripé solide dans ce coin de pays… Je veux déjà y retourner!
La bouffe! Ahhhhh… Les Cambodgiens savent manger rare! Rien à voir, ou presque avec nos amis viets. Oui, nous recevons les mêmes fruits et légumes aux repas, mais les rouleaux froids et frits deviennent des nems… maudit que c’est bon. Ils mettent de la citronnelle partout, il y a de la soupe tom yum comme au Taï Express, de la coriandre et du basilic à nous sortir par les oreilles et des petits piments forts qui donnent le hoquet tellement ça fesse dans la mitte. Je serai le seul à en mettre partout tout du long au Cambodge…. menoum menoum!
Des temples… des temples, des temples…, des tis, des moyens, des gros gros gros, des en ruine, pas en ruine, en rénovation ou pas. Des Boudhas avec bedaines et pas de bedaines… debouts, couchés sur le côté, des divinités sacrées comme Shiva et sa femme Uma.
Ça fini pu…, mais c’est vraiment superbe, surtout qu’au Cambodge, plusieurs de ces lieux sacrés sont dissimulés en pleine jungle… Juste s’y rendre est une expédition pour tous les sens… Il y a des singes qui viennent nous pogner les jambes et tentent de voler bouffes et caméras.
Des éléphants offrent le service de navette ente deux temples… nous sommes dépaysés un peu. Fait chaud en yiable, 37 degrés humidex 45!!! Les temples ont beau avoir été construits il y a des siècles, c’est pantalon long obligatoire histoire de ne pas froisser les dieux.
Nous terminons notre périple au Cambodge par la visite d’un village de maisons sur pilotis. La seule route qui y mène est affreuse, c’est qu’elle est inondée 3 mois par années. Le bateau est une nécessité! On accoste au village quasi désert.
Nous sommes les seuls touristes, il y a des écoliers qui viennent nous dire le bonjour, le sol est jonché de déchets, probablement apportés par la crue des eaux. C’est brun, poussiéreux à outrance, pauvre et à la fois magnifique.
Marie-Claude et Yves
Ma préférée du jour : le jeune pêcheur en gros plan avec ses filets.
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Merci Hubert, encore une photo de Marie-Claude !
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J’aime bien lire vos comptes-rendus. De belles histoires et surtout de très belles photos.
Bonne fin de voyage!
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fiou… j’suis contente de m’être mis à jour … avant votre retour.. Je t’avais parlé avant ton départ d’une collègue qui avait vécu 1 an en Asie (que je n’ai pu rejoindre …) mais vos photos et commentaires sont complétement différents .. un autre œil = une autre vision. C’est magnifique … vous me donnez le goût d’y faire un saut. Bonne fin de voyage
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Tu es trop gentille, on a des milliers de photos, souvenirs et rencontres exceptionnelles dans ce coin du monde. Ça vaut la peine d’y aller certain !
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Wow! Quel récit!
Et les photos: incroyables!
Dignes des grands reportages…
🙂
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Merci Pascale, que de belles places pour tes randonnés par ici !
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Quel beau voyage vous faites, bande de veinards.
Voir le monde tel qu’il est, ses beautés, ses atrocités, l’être humain dans toute sa splendeur !
À vous lire, pas sûr que vous allez revenir. Dommage pour notre vélo en Mongolie 😉
À bientôt chers amis !
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Merci mon pote… Je t’avais démasqué déjà… 🙂 — Yves
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L’anonyme c’est Pascal !
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Bin quin!
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Que vous racontez bien votre périple.
Profitez bien de cette vie qui file entre nos doigts.
On aime vous lire.
JF
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Merci JF ! Nous amorçons le retour.
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