Le 312 kms de la pleine lune

Chronique annoncée d’une aventure comique !

Nos breveteux Pascal et Yves se retrouvent sous la pleine lune, pis ils vont en baver… big time!

Il est 5 h 45, samedi – St-Lambert by the sea.

On attend que notre miséricordieux directeur de brevet, Jean Robert, nous donne le go officiel après la traditionnelle photo de groupe.

« Pascal, on a le vent d’ouest dans le dos pour le départ, c’est cool hein? »

« Ouep mon pote… pis on va se faire refaire le brushing en revenant avec du 25 km/h et des rafales de face »

J’avale ma 2e banane de travers tout d’un coup… Toujours le mot juste en toute circonstance ce Pascal.

6 h TOP CHRONO – ON PART

Club cycliste Croix de Fer
Club cycliste Croix de Fer

Ça roule vraiment bien avec toute la gang (nous sommes 7), on a du monde en forme dans le peloton, dont deux gars du club Croix de Fer.

L’effigie sur leurs jerseys m’inquiète un peu quand même, genre groupe heavy metal satanique… j’espère qu’ils ne sont pas adeptes d’un quelconque rituel de passage pour ceux qui ne moulinent pas à leur cadence de « crankés ».

Je jase un bout avec James, je pense que c’est son prénom; vraiment cool le mec et très sympa. Finalement, je déstresse, je ne crois pas que je finirai pendu par les pieds avec mon Look sur un toit d’église à Saint-Césaire…

On a le vent dans le dos, alors ça roule à +30 km/h dans le peloton, ça va bien. Il ne pleut pas encore, les paysages le matin sont toujours magnifiques.

Toutefois, les gars de l’âge d’or: Pascal et moi, on décide à un moment donné qu’on ne va pas continuer comme ça bien longtemps. Parce qu’il faut se garder de l’énergie pour les montées du 300, et surtout pour le retour avec les vents forts et les rafales; qu’on sent déjà dans nos roues arrières.

Alors on split le peloton et je forme équipe avec Pascal, un duo winner qui d’habitude est complémenté par Marc, le bourreau du Mont-Royal. À nous 3, nous formons le trio Bisaillon-Philippe-Ferland, formation gagnante pour tout brevet !

UN PEU AVANT GRANBY

Mon beau paysage polarisé par mes lunettes de cycliste change tout d’un coup pour une fade journée à Londres. Beding-bedang… mes lunettes me quittent le visage tout d’un coup pour valser sur la piste cyclable. Coup de roue in extremis pour éviter de les pulvériser drette là.

Mon bandeau de lunette vient de rendre l’âme… j’arrête et je tente de bidouiller le bandeau, mais peine perdue, va falloir porter mes lunettes autrement pour ce brevet. Je repars et je mouline pour rattraper Pascal.

La flotte commence, on arrête et on mets nos impers de service. Oups, 2e surprise du brevet de pleine lune… L’imper de Pascal déchire de haut en bas près de la fermeture éclair. Pas bon ça de rouler sous la douche pendant des heures mon coco…

« Pascal, ça nous prends du ruban collant, des épingles, quelque chose… »

J’ai ça, qu’il me dit. Ben oui, c’est quoi que ça traîne dans sa sacoche un gars de l’Hydro hien…? Ben, ça tient en stock du tape électrique dans son barda un gars comme Pascal ! Sauf que là, c’est vraiment humide, alors je rafistole le truc du mieux que je peux et on décide de se rendre à la boutique de vélo de Granby pour régler ça.

CONTRÔLE #2 KM 115 – LAC BROME

Le fun commence vraiment: Pascal et moi on se la coule douce pour ce 2e brevet de 300, comme de vieux baroudeurs, on relaxe et on se met le complexe de la performance dans le cor à vidange !

On repart après notre dîner. Après une couple de montées et un bon 20-30 minutes, j’ai mon pote Pascal qui me fait signe… 3e surprise de la pleine lune.

« J’ai oublié mon Camel Back (gourde) sur une chaise au IGA! »

Pas d’eau, pas de brevet – pas de brevet, pas de fun avec mon ami Pascal. On stoppe le train, Pascal repart en sens inverse chercher son matos. Je reste sur le bord de la route à me faire japper après par les 2 rottweillers du boutte (sont ben fins – attachés j’entends…), pis je cuis: pas d’ombre.

CONTRÔLE #3 KM 180 – SUTTON

On vire de bord, façon de parler pour dire qu’on va avoir le vent de face maintenant.

Trop drôle, parce que c’est maintenant que les montées sérieuses commencent.

C’est certain que le 300 n’est pas aussi exigeant que le 400 ou le 600 sur le plan dénivelé et ascension totale, mais c’est pas reposant non plus; genre Scenic Road.Panic Road !

On arrive à Mansonville, et il y a cette Volvo bizarre qui me dépasse sur les hazards et en roulant pas vite…

Bon, j’ai mes lunettes dans la face, mes 2 roues roulent, j’avance, pas vite; mais j’avance.Une vraie chum - Josée Gagnon

J’ai-tu perdu ma sacoche avec tout mon stock? Plus rien ne me surprend pour ce 300 bizarre.

Ben non, c’est ma grande chum Josée qui m’a promis de venir nous faire un high-5 sur la route et nous tirer le portra. Choses qu’elle accomplit avec brio la Josée !

Du km 180 au km 250 environ, nous roulerons à intervalle de 15 minutes dans notre super peloton de 2 ! Pascal et moi on se relaie à la proue parce qu’il vente en ti-père, on maintient entre 22 et 27 km/h à l’arraché.

Même sur la Scenic qui nous protège durant l’ascension avec les arbres de chaque côté, on s’en prend solide par moment. Des rafales s’engouffrent de temps à autre dans des petits corridors et cela ajoute au plaisir de la Panic Road, ah aha hah, je ris jaune !

CONTRÔLE #4 KM 268 – SAINT-CÉSAIRE

Oncle Tim nous accueille sous son beau toit beige. On se bourre la face, en tout cas en ce qui me concerne ! Il nous reste 44 kms à faire et le vent vient de tomber, nooooon ?

C’est reparti mon kiki, on est en feu les pépères, je regarde mon Garmin stupéfait. Nous, Pascal et moi: les Jeunesses Montréalaises, ça roule entre 32 et 34 km/h steady – let’s go Saint-Lambert, on arrive.

Il fait noir là… toujours pertinent de le rappeler. Nos phares éclairent vraiment bien la route.C'est la pleine lune !

Je te pogne une méchante cochonnerie sur la route à environ 24 kms de l’arrivée.

C’est métallique et mon pneu arrière vibre vraiment fort sous l’impact.

Peu importe ce que je viens de heurter, ça revole dans l’accotement avec un son d’enfer. Et dans la seconde qui suit…

PATLOW – MON PNEU ARRIÈRE EXPLOSE !

4e surprise de la pleine lune… même un Gator Skin ça peut prendre la route des urgences mécanos.

Je roule sur la jante en moins de 2 secondes, j’aime pas ça. On se range sur l’accotement, les mains pleines de graisses, j’hais les gants en latex, donc je me beurre pour sortir la roue du dérailleur.

Pascal m’éclaire avec sa torche électrique. Bizarre de bizarre de bizarre, il n’y a a.b.s.o.l.u.m.e.n.t. rien sur le pneu, aucune entaille, pas de trou, rien. L’Intérieur de la jante est ok aussi.

Je change la chambre à air et je remonte le pneu pronto avec l’aide de Pascal à l’éclairage nocturne. On vire le Look à l’envers parce que ça va vraiment mieux pour remonter une roue arrière. J’enlève le GPS du guidon pour ne pas l’esquinter.

20 MINUTES D’ÉCCOULÉES DANS LES PADDOCKS

Bon, je sais que vous n’allez pas me croire maintenant… Mais Pascal remet la roue arrière à sa place, j’enligne la chaîne sur le dérailleur…
PATLOW II ! – THE SEQUEL, NOW PLAYING IN THEATERS

5e surprise full moon – Le maudit Gator explose: ben, la chambre à air pète bien sûr, mais j’en veux au Gator pareil.

Là, je perds patience, je n’ai jamais vu ça… la chambre n’est pas trop gonflée (CO2 calibré à 120 psi max – même un peu moins).

Saga du pneu part IIJe redémonte le pneu. Une chance que je traîne un pneu neuf pour les 300 et plus, Thank God.

On vérifie v.r.a.i.m.e.n.t. méticuleusement la jante intérieure, rayon brisé qui dépasse? Ché pas quoi ? Rien, nickel, pas une imperfection.

On regarde la chambre qui vient de péter, il y a trou rond super propre et précis, comme si une épingle l’avait percée. Verdict, il y a de quoi de pogné dans le Gator et je l’inspecterai à la lumière du jour dimanche avec un Martini bien frais.

On remonte chambre et pneu neuf Michelin, pis je m’arrache les doigts pour le dernier fitting, car ces maudits pneus sont stiffs comme du cuir torrieux ! Je gonfle au CO2 moins fort, dans le bout de 100 psi selon mes savants tâtages du caoutchouc.

On remballe mon barda, y en a partout sur l’accotement. Ouf, on est prêt: 40 minutes totales de perdues certain, on s’enlignait pour arriver vers 10 h 45, mais on oubli ça.

Je mets mes mains sur les guidons…

« Yé où mon GPS !? »

Pas de Garmin, ni dans mon jersey, ni par terre, ni dans ma sacoche arrière…

6e surprise. On fouille le gazon de l’accôtement à la torche électrique Pascal et moi. On explore la végétation vraiment vraiment bien là. Nous sommes fatigués, on bâille de temps en temps. Il y a un party pas loin avec de la musique électro – ça réveille et ça me tape royalement sur les nerfs après un certain moment.

On défait la sacoche 2 fois plutôt qu’une. Pascal me fait une fouille complète du cycliste comme aux douanes. Mais où est-ce qu’il est le foutu Garmin de m… ?

« Pascal, on part, j’en ai marre, j’en achèterai un autre – on va pas y passer la nuit »

On a perdu facilement une heure et plus dans la saga chambre à air/jante/pneu/gps – Comble de pleine lune – le vent s’est levé à nouveau – wow, je commence à nommer quelques saints du ciel en roulant.

CONTRÔLE #5 KM 312 – SAINT-LAMBERT

Il est minuit ! On a beau avoir mis notre complexe de la performance dans les poubelles à Sutton, mon dernier brevet de 300 avec Pascal s’est fait en 14 h 59 dans des conditions lamentables pluie/vent/rafales. Là, notre brevet se complète en 18 heures, oh oh ohhh ah ah ah, je veux aller me coucher en tite-boule en dessous des couvertes de ma maman ;0)

J’enlève la couverture imperméable de ma sacoche arrière pour sortir mes papiers de brevet.

Il y a une bosse dans le fond de la toile de la sacoche, juste en dessous de la selle du vélo. Une bosse en forme de ti-Garmin ! Arrrrghh….Perdre un GPS - l'ironie

S’en est trop, c’est tout de même un paradoxe de PERDRE un GPS. Mes amis anglophones me diraient: « it defeats the purpose ! ».

J’ai une envie soudaine de téléphoner à 1-800-CROIX-DE-FER pour me faire lyncher aux aurores sur le clocher le plus près…

Je serre la main à mon super pote de route et grand sage des brevets: Pascal. Merci pour cette belle aventure pleine de rigolade – sweet lord !

4 réflexions sur “Le 312 kms de la pleine lune

  1. Beau récit, bien raconté!

    Je n’aurais jamais imaginé qu’on pouvait faire peur… mais maintenant tu sais qu’on est doux, doux, doux!

    Au plaisir de rouler un peu avec vous lors d’un autre brevet.

    Jim

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